Considéré tout d’abord par Théophraste comme une plante pétrifiées, puis, de Pline jusqu’au XVIIe siècle, comme un curieux arbuste sous-marin dont la sève laiteuse fut observée en 1613 par un gentilhomme lyonnais, et les « fleurs » en 1706 par le comte de Marsigli, le corail fut reconnu comme une sorte d’animal voisin du poulpe par jean André de Peysonnel, dans son mémoire de 1744.
D’abord vigoureusement combattue par Réaumur et Jussieu, qui reconnurent leur erreur dès qu’ils eurent connaissance des travaux de Tremblay sur l’hydre d’eau douce, cette opinion fut définitivement démontrée par les études de lacaze-Duthier, en 1863. Le corps de chaque polypier de corail – de 2mm de long environ – est une sorte de sac tubulaire à 8 loges intérieures, avec une ouverture (bouche) comportant 8 tentacules finement dentelées. Ce sac est inséré dans un tissu conjonctif, dit coenorsarc, dans lequel il peut totalement se rétracter à la manière des anémones de mer. Tous les individus de la colonie sont interconnectés par un système de vaisseaux courant parallèlement à l’axe de ses « branches » et transportant un fluide blanchâtre (observé en cassant une branche de corail vivant). Aussi toute la colonie se renferme t’elle dans le coernosarc lorsqu’un danger est perçu par l’une de ses parties. (Ce qui explique l’interprétation d’un épanouissement de « fleurs » données en 1706 à la vue des individus réapparaissant une fois le danger passé).
Le pied des polypes et la base du coenosarc sécrètent des spicules calcaires dont les dépôts successifs constituent comme un squelette externe à la colonie. Celle-ci ressemble ainsi à un arbrisseau dépourvu de feuilles, dont les branches pétrifiées comportent une sorte d’écorce gélatineuse. La colonie s’accroît par une forme de bourgeonnement du coenorsarc, à l’extrémité des branches. Les individus les plus vieux sont donc les plus proches du point de fixation : le développement peut, ainsi, ou bien continuer une branche, ou bien, au contraire, former une bifurcation ; les nouvelles branches sont évidemment plus minces que les anciennes et des lacunes peuvent apparaître au niveau des dichotomies, ce qui gêne l’emploi ultérieur des branches (le « flair » ou les rayons X permettent de détecter ces trous).
Tous les individus s’une même colonie sont du même sexe ; cependant, certaines branches d’un « arbre » portent parfois des « individus » d’un sexe différent du reste. Les colonies de corail se multiplient et se répandent par reproduction sexuée : chaque ovule arrive à maturité à l’extrémité d’un pédoncule dans la cavité stomacale d’un polype femelle, où viennent le féconder les spermatozoïdes répandus dans la mer par les polypes mâles ; il en résulte une larve allongée microscopique qui, rejetée en mer libre, devient une sorte de petite méduse, laquelle se plaque bientôt contre un rocher et s’y fixe en s’étalant ; il se forme alors un « bourgeon » qui devient le premier polype de la nouvelle colonie. Le pied de cet animalcule commence à sécréter un support calcaire, tandis que le coenorsarc s’accroît et qu’un seconde bourgeon apparaît, bientôt suivi d’un troisième. Le support calcaire se dresse en une colonie qui sera le tronc principal du nouvel arbre, d’où se détacheront, à des niveaux différents les branches secondaires.
Du fait de leur formation, les branches de corail ont une texture radiée marquée par des nuances colorées légèrement différentes, superposée à des zones d’accroissements concentriques. Cela se traduit par un aspect très caractéristique de la surface des objets sculptés et polis : tantôt des lignes parallèles alternativement plus claire et plus foncées, tantôt des cercles alternativement clairs et foncés entourant une petite cavité centrale.
Extérieurement, les branches brutes sont cannelées parallèlement à leur allongement (ce qui correspond au système vasculaire principal de la colonie vivante) et légèrement déprimées aux lieux d’insertion des différents polypiers.
Le corail est presque exclusivement constitué de carbonate de calcium, auquel un peu de carotène est fixé. Il en résulte une couleur qui va du rouge sang jusqu’au blanc. Certains branches de corail mort, tombées sur le sol sous marin et soumises à laputréfaction organique, deviennent noires (ne pas confondre ce corail noir calcaire avec le corail noir organique).
La macrodureté est de 3,5 et la densité est comprise entre 2,6 et 2,7. Le corail est bien évidemment attaqué par les acides, avec effervescence. Sa fluorescence sous la lumière noire est d’une intensité variable, souvent faible.